Durant mon escapade en Polynésie Française, j’ai eu la chance de visiter une ferme perlière sur l’île de Tahaa. J’ai découvert l’univers fascinant de la perliculture dans laquelle rigueur rime avec minutie et créativité. Je vous partage dans cet article ce que j’ai appris.
La création de la perle de culture de Tahiti en 4 étapes
1 : collecte du naissain (embryon d’huîtres), matière première des élevages
L’huître perlière de Tahiti, espèce nommée Pinctada Margaritifera ou huître à lèvres noires, est hermaphrodite. C’est à partir de ce mollusque, que les perles noires sont cultivées. Elle contient à la fois le sperme et les ovocytes qu’elle libère lors de ses reproductions annuelles. Une fois les œufs éclos, le couvain est constitué de larves nommées naissains. Le principe consiste à suspendre à quelques mètres sous la surface de l’océan polynésien (entre 1,5 et 3 m) des collecteurs (bandes de matière synthétique). Imputrescibles et formés de recoins et alvéoles, ces collecteurs doivent permettre aux naissains de se fixer et s’abriter des prédateurs. Placés de manière empirique tout au long de l’année, on les laisse entre 12 et 24 mois dans les mers de l’océan pacifique pour produire des juvéniles de 5 à 10 centimètres.

2 : l’élevage des huîtres à perle de culture de Tahiti
Cette étape consiste à enlever les juvéniles des collecteurs pour les placer dans des paniers lanternes ou des caisses grillagées, jusqu’à ce qu’ils atteignent une taille comprise entre 9 et 11 centimètres.
Pour cela, la coquille de chaque juvénile est percée au niveau d’une « oreille » et les jeunes huîtres sont attachées par un fil nylon. L’ensemble est ensuite remis à l’eau à une profondeur maximale de 15 m et pour une période de 3 à 12 mois.
L’opération consiste à protéger les huîtres juvéniles des prédateurs divers et variés tels que les poulpes ou les poissons, mais surtout d’assurer des soins pour débarrasser l’huître d’éventuels parasites tels que les algues ou des mollusques. Ainsi les parasites n’entrent pas en compétition avec l’huître pour capter la nourriture et n’alourdissent pas l’huître, qui peut alors s’ouvrir sans peine, pour filtrer l’eau de mer et trouver les nutriments dont elle a besoin.





3 : la greffe de la perle de culture de Tahiti
Greffer une huître, cela revient à introduire un nucléus (petite perle) et un greffon (morceau de tissu de 1 mm découpé dans le manteau d’un huître donneuse) au niveau de la poche perlière. Pour cela, on utilise des petites sphères constituées de coquilles de moules d’eau douce. En effet cette matière garantit le meilleur résultat sur la perle obtenue.
Afin que l’introduction de ce nucléus et de ce greffon n’engendre pas de lésions au niveau des tissus de l’huître receveuse, il faut que la taille de la poche perlière soit assez grande. Donc seules les huîtres âgées de plus de 2 ans peuvent être greffées.
Une fois inséré dans l’huître receveuse, le greffon fusionne avec les tissus de l’huître receveuse et un sac perlier se développe autour du nucléus.
Après les différentes interventions, il faut une période d’immersion et d’entretien d’au minimum 18 mois pour que la perle puisse secréter une couche de nacre suffisante et ainsi pouvoir être récoltée.
4 : la récolte de la perle de culture de Tahiti
Dix-huit mois donc après la greffe, les perles sont récoltées.
Cette récolte se fait en apnée afin de ne pas endommager le site. En effet, les bulles émises lorsque l’on plonge en bouteille représente un risque pour les huîtres.
Une fois hors de l’eau, c’est le greffeur qui prend le relais. D’un délicat coup de scalpel (il ne faut ni rayer la perle ni abimer l’huître), il incise la gonade et récupère la perle à l’aide d’une petite cuillère.
La perle est ensuite examinée. Si elle est de qualité, une seconde greffe est alors immédiatement réalisée avec un nucléus de la taille de la perle récoltée. C’est ce que l’on appelle une « surgreffe ». Les huîtres peuvent être ainsi greffées deux à trois fois, la taille de la perle obtenue étant de plus en plus grande.
Les perles sont ensuite classées suivant un certain nombre de critères pour pouvoir être exploitées et qui déterminent leur valeur :
- Forme des perles, idéalement parfaitement rondes. Lorsque la forme ne peut être décrite, on parle de forme baroque.
- Dimension des perles, souvent entre 6mm et 18mm de diamètre
- Couleur des perles. Elles ne sont pas totalement noires comme pourrait le faire penser leur appellation. Les teintes sont souvent des dégradés de vert mais aussi de rouge, plutôt foncées. Parfois des dégradés de gris également.
- Surface des perles. Ici on cherche à dénombrer les imperfections visibles. Il y en a toujours. Moins elles sont nombreuses et plus la perle aura de la valeur.
- Brillance de la nacre des perles. Plus le reflet est net, plus la perle aura de la valeur.
Facebook de la ferme perlière : Iaorana

La création de bijoux en perles de culture de Tahiti
C’est l’ultime étape avant la vente : la création des bijoux. Le monde de la joaillerie est particulièrement intéressé par ces précieuses et rares perles noires.
Réunir les perles similaires
Les perles de culture sont toutes différentes les unes des autres. Chaque perle a sa propre couleur, sa propre taille, sa propre forme, et c’est la que réside la plus grande difficulté du créateur : il faut réussir à réunir les perles les plus similaires pour tenter de former le bijou parfait.
Collier, boucles d’oreilles, pendentif ou encore bracelet : il faut une harmonie parfaite. Pour cela, des yeux d’expert hautement qualifié avec des années d’expérience, sont nécessaires.
Perçage de la perle de culture de Tahiti
Une fois les perles choisies et le bijou imaginé, il faut assembler le tout et donc percer les perles.
La perforation se fait à l’aide d’un petit forêt à trois pans. C’est une tâche minutieuse et précise. En effet, un travail bâclé peut détériorer la perle, ou la rendre inexploitable (si le trou est légèrement décentré par exemple, le collier de perles ne sera pas joli).
Assemblage des perles de culture de Tahiti
C’est la dernière étape avant la vente et comme tout bijou, le résultat ne sera que l’expression des pensées d’un artiste.
Différents bijoux à base de perles de Tahiti sont proposés :
– Colliers de perles
– Bracelets de perles
– Boucles d’oreilles ornées de perles
– Bagues,
…. il y en a vraiment pour tous les goûts.
De mon côté, je suis revenue avec un collier qui ne me quitte pas.
Questions fréquemment posées
Comment reconnaître une vraie perle de culture de Tahiti ?
De par le temps nécessaire à leur culture et le soin à leur apporter, les perles noires de Tahiti sont souvent chères. Un prix trop bas, notamment en bijouterie, doit éveiller les soupçons.
De même, elles sont rarement parfaitement rondes, et on plutôt une forme ovale caractéristique (en goutte d’eau), et parfois même de type baroques.
Enfin, les perles de Tahiti sont caractérisées par un très beau reflet, on doit pouvoir se voir dedans. Leur couleur n’est jamais uniforme mais plutôt avec différentes nuances.
Quelle est la différence entre une perle de culture et une perle naturelle ?
La différence vient du fait que la perle de culture requiert l’intervention humaine pour être produites, notamment l’insertion du nucleus.
Quelle est la particularité de la perle de culture de Tahiti ?
C’est précisément sa couleur. Alors qu’habituellement les perles sont plutôt claires, et de couleur blanche, beige ou grise, la perle de Tahiti sera davantage de couleur foncée sur des teintes vertes ou rouges avec des reflets noirs (d’où son appellation de perle noire)
Comment entretenir les perles de culture de Tahiti sans les endommager ?
Avant tout chose, il est impératif de n’utiliser AUCUN produit chimique, de type lustrant à bijou pour nettoyer votre perle. La perle peut simplement être essuyée avec un chiffon doux en microfibre / chamoisine. S’il y a lieu de vraiment la nettoyer, alors un savon très doux et de l’eau en bouteille (type Volvic, pas d’eau calcaire) peut être utilisé avec parcimonie.
A noter que les perles contiennent de l’eau qui maintient en état la nacre. Il ne faut donc pas les stocker dans des matériaux qui absorbent l’humidité (bois, coton, etc.), au risque d’altérer définitivement le lustre de la perle.
Que trouve-t-on d’autre à Taha’a ?
Les perles de culture ne sont pas la seule spécialité de l’île, on y trouve aussi un rhum d’exception, et de beaux spectacles de danse polynésienne.
