Taha’a : une île où le doux parfum de vanille se mêle à celui du rhum….
Histoire de la canne à sucre polynésienne
- La canne à sucre originaire de Polynésie
Le rhum de Taha’a, c’est avant tout la canne à sucre. Originaire du Pacifique, ce sont les navigateurs Polynésiens qui, à bord de leurs pirogues, ont introduit la canne à sucre sur les îles de Polynésie vers l’an 300 après JC.
Quelques variétés se sont parfaitement acclimatées et ont ainsi pu être cultivées pour leur jus sucré utilisé comme excipient pour le ‘ra’au Tahiti’ (médecine traditionnelle) et pour les qualités gustatives de leur tige.
Leur expansion mondiale débutera au XVIIIe siècle, lorsque Louis-Antoine de Bougainville et James Cook, lors de leurs expéditions autour du monde, découvriront ces cannes et les diffuseront sur tous les continents et jusqu’aux Caraïbes sous le nom de canne O’tahiti.
Considérées comme les meilleures du monde, elles seront les plus cultivées au cours du XIXe siècle.
Paradoxalement, pendant cette période faste de cultivation, la production de rhum était quasi inexistante. La canne à sucre était davantage utilisée dans l’industrie sucrière, pour obtenir de la cassonade, encore appelé sucre roux, ou bien du sucre blanc après raffinage.
- Culture de la canne à sucre polynésienne délaissée
La culture de la canne à sucre tahitienne sera malheureusement délaissée au profit des cannes à sucre hybrides modernes, plus résistantes aux maladies, pendant de nombreuses années. Disséminée un peu partout chez les habitants, cette plante était devenue inexploitable en Polynésie … jusqu’à ce que quelques projets audacieux voient le jour.
Laurent Masseron, Ange Tehahe, Olivier Duret, Fabrice Baffou et Sébastien Thépenier : des passionnés qui, après plusieurs années de recherches ont réussi à sélectionner les variétés de canne à sucre ancestrales les plus intéressantes et les terrains les plus propices à leur culture.
Il faudra néanmoins attendre l’année 2010, pour que la production de canne à sucre soit relancée sur les îles de Taha’a, Rangiroa et sur la presqu’île de Tahiti.
C’est en effet sur la presqu’île de Tahiti, plus précisément sur le plateau de Toahotu que les premières cannes à sucre de Mana’o ont été plantées. La plantation s’est ensuite développée sur Taha’a, à l’ouest de l’île, où la végétation sauvage et luxuriante de la vallée de Tiva offrent à la canne à sucre un cadre exceptionnel pour se développer.
Les différents rhums élaborés sur l’ile de Taha’a
Visite de la rhumerie Pari Pari à Taha’a
Pour le domaine Pari Pari, la culture de la canne à sucre se fait exclusivement sur Taha’a, avec l’aide d’une quarantaine de producteurs locaux.
Une petite visite à la rhumerie « Pari Pari » pour découvrir le Rhum de Tahiti.
On ne peut pas parler de rhum sans parler de canne à sucre certes … mais on ne peut pas parler de rhum sans parler (Un alambic est un appareil destiné à la séparation de produits par chauffage puis refroidissement (distillation) ) d’alambic : outil indispensable !
C’est la société Avatea installée sur la commune de Paea à Tahiti qui met à disposition les premières années son alambic et son savoir faire.
Ainsi, en 2015, le « T Rhum » du domaine Pari Pari voit le jour… un produit 100% made in Taha’a.
1 an plus tard, en 2016, le domaine Pari Pari se dote de son propre alambic.
Manutea, un autre rhum emblématique de Polynésie française.
La culture de la canne à sucre sur l’île de Taha’a ne bénéficie pas qu’au domaine Pari Pari. En effet, le domaine est également fournisseur auprès d’une autre marque emblématique du rhum tahitien : Manutea.
Les rhums Manutea distillent des cannes à sucre venant de Taha’a mais aussi de l’île Moorea, sur laquelle se trouve également leur propre distillerie.
Manutea a d’ailleurs su marier les deux spécifiés de l’île de Taha’a : le rhum et la vanille ! Ils élaborent un rhum vieillit dans des fûts de chêne ayant servis à stocker de l’extrait de vanille tahitienne.
Le rhum en provenance de l’île de Tahiti
La production de rhum bénéficie d’un regain d’intérêt en Polynésie, et une autre marque se développe sur l’île de Tahiti : Mana’o
Là encore, une recherche d’authenticité et un retour aux sources dictent la création de ce rhum : Utilisation de la canne à sucre endémique, cultivée directement sur l’île de Tahiti.
le premier rhum Mana’o est commercialisé en 2015 également, et est distillé dans l’alambic de la société Avatea.
On peut également citer le rhum Tamure, qui bénéficie aussi d’une culture de canne à sucre à même l’île de Tahiti.
Des rhums agricoles
La particularité de tous ces rhums c’est que ce sont des rhums agricoles, c’est-à-dire qu’ils sont distillés uniquement à partir de pur jus de canne à sucre, obtenu par broyage. Le jus extrait de la canne à sucre, appelé vesou, est mélangé avec de l’eau et des levures pour opérer une fermentation. A l’issue de la fermentation, le jus subit une distillation pour obtenir le rhum, qui peut ensuite, être vieilli dans des fûts de chêne ou non. Ce sont des rhums de dégustation. Ils sont très appréciés pour leurs subtilités gustatives et accompagnent très bien un cigare par exemple.
A l’inverse, des rhums plus industriels sont distillés à partir de mélasse additionnée d’eau et de levures. La mélasse est un résidu du raffinage de la canne à sucre pour obtenir du sucre de canne. Il s’agit d’un sirop visqueux au goût prononcé de réglisse. Ces rhums traditionnels sont plus indiqués pour les cocktails, le planteur ou le punch et le Ti-punch. C’est aussi, le plus souvent, le rhum utilisé pour le rhum arrangé avec des fruits macérés tels que l’ananas ou la banane, ainsi que diverses épices comme la vanille, la badiane, la cannelle, du gingembre, etc.
La Polynésie française, pour se démarquer de la production de rhums des Antilles, a misé sur le rhum agricole et des rhums vieux ou ambrés.
Le rhum tahitien en quelques dates clés :
- 2005 : Arrivée de Laurent Masseron sur l’île de Taha’a en Polynésie et création du domaine « Pari Pari ».
- 2010 : Relance de la production de canne à sucre par Ange Tehahe, Fabrice Baffou, Sébastien Thépenier et Olivier Duret. Création de « Mana’o Tahiti ».
- 2015 : Premier rhum « Mana’o » commercialisé et début production du « T Rhum » par le domaine « Pari Pari ».
- 2019 : Au salon de l’agriculture, Laurent Masseron remporte la médaille d’or au concours général pour son rhum blanc (article)
La canne à sucre polynésienne et le rhum de Tahiti, on en parle :
- Relance de la culture de canne à sucre en Polynésie
- Le premier rhum d’atoll au monde est produit en Polynésie
- Première récolte de canne à sucre à Rangiroa
L’île de Taha’a, ce n’est pas que le rhum, c’est aussi la culture de perles de Tahiti, ainsi qu’une façon de cuire les aliments originale !
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